Puisque ma passagère est chinoise, les frontières devraient donc nous être fermées dans un bon nombre de pays (d'après les sites gouvernementaux et les blogs de voyageurs: la Croatie, la Bosnie, le Monténégro et l'Albanie, bien sûr). Mais nous avons un plan de repli sur la Hongrie.
La traversée de la France est toujours un calvaire pour moi, du moins jusqu'à ce que la route commence à s'élever. A moins de se rendre en Angleterre, pour un finistérien, la première frontière est déjà à plus de 800 KM.
Nous traversons donc le désert français avec une courte étape au château d'Ussé. Le temps est maussade et la façade se dessine à peine sous les échafaudages. Nous ne nous y attarderons pas.
Quelques centaines de monotones kilomètres plus tard, nous arrivons dans la ville de Mâcon, histoire de manger quelque chose avant de rechercher un endroit pour dormir.
Mâcon est une ville que j'ai souvent traversé sans m'y arrêter et, l'occasion faisant le larron, on se gare donc le temps d'une ballade. Rien à voir. On mange (mal) et on se casse.
Le soir nous dormons sur une aire d'autoroute sur les hauteurs de Genèves.
Nous descendons vers la vallée du Rhône en direction de Sion, où nous déjeunons à la terrasse d'un resto de la vieille ville.
La traversée du Valais n'offre au voyageur rien de très excitant. Il faudrait sortir de ce couloir rhodanien.
Par contre, dès que la route s'élève et que le Valais devient germanophone, le paysage devient vraiment grandiose.
Tout d'abord, il y ces petits villages avec leurs maisons en bois, bâties au-dessus d'une grange où entreposer le fourrage ou les bêtes. Elles sont adorables et "Gemütlisch". A l'intérieur du village d'Oberwald il y a un pont couvert en bois, d'un autre âge, qui franchit un torrent.
Furkapass
La route continue de s'élever et nous arrivons enfin au pied du Furkapass (le col de la Furka).
Dans ce cadre bucolique, le glacier du Rhône descend entre les sommets acérés qui barrent l'horizon avant de venir mourir en cascade bondissante. La route en lacets est vertigineuse et offre un panorama grandiose. Par beau temps on aperçoit le Matterhorn.
Au sommet du col une halte s'impose pour profiter du paysage. Il y a une petite boutique de souvenir à partir de laquelle, pour une poignée de francs suisses on peut accéder au glacier et à la grotte de glace qui a été creuse à l'intérieur à l'intention des touristes que nous sommes. Les teintes bleutées et ocres du manteau de glace sont saisissantes tant en contre bas la nature est d'un vert vif.
A cet instant, on se dit que les vacances ont vraiment commencé et que la Suisse place déjà la barre très haut.
Une fois le col de la Furka derrière nous, les paysages étonnants et variés s'enchaînent sans discontinuer. Nous remarquons beaucoup de trains rouges parcourant le relief pour relier les villages entre eux. La plupart de ces trains sont à crémaillère j'imagine et semblent d'un autre âge. Leur utilité me dépasse si ce n'est pour le transport de touristes mais ils donnent envie de monter à bord.
Le soir nous sommes à Chur (Coire), la capitale du Graubunden (Grisons). C'est une jolie petite cité qui a gardé son cachet médiéval et baroque, un peu comme Schaffhausen, mais dans une moindre mesure. Le dîner sera hors de prix (100 euros pour deux!!!) et dès le lever du jour, nous passons la frontière italienne.
Les Dolomites
La première cité sur notre chemin est la vieille ville de Glorenza, adorable bourgade ceinte d'une muraille, dont la rue principale est bordée d'arcades. C'est déjà un autre monde, un monde méditérranéen où le soleil pleut.
Les montagnes se font ici plus douces et la vallée qui conduit à Merano, puis Bolzano est parsemée de châteaux forts et de ruines. Nous dévions Bolzano pour prendre la vallée du Brenner et nous diriger vers Val Gardena, dans les Dolomites. Avant de rentrer dans la vallée il faut quitter l'autoroute à Chiusa (où se trouve la remarquable abbaye de Sabiona) et faire demi tour sur la départementale jusqu'à ponte Gardena.
La vallée de Gardena est une image d'Epinal du paysage alpin avec ses pâturages, ses apics rocheux, ses ruines et ses forêts de sapins.
Les gens d'ici sont trilingues (Ladin, allemand et italien).
Déjà dans le lointain se dessine l'étrange silhouette du Sassolungo, si caractéristique du relief tourmenté par l'érosion des Dolomites.
Val Gardena est célèbre pour ses stations de ski (175km de pistes de descente, 83 remontées mécaniques et 115 km de pistes de fond), ses championnats du monde de 1970, et ses grandes compétitions annuelles de descente libre et de super G.
L'été, il y a un monde fou, et ça randonne à tout va. Il faut dire que les italiens sont des amoureux de la nature et du sport en général. Dans ces paysages irrééls, une ballade de quelques heures, une randonnée pour la journée sont des souvenirs inoubliables.
L'aspect architectural des Dolomites est frappant, les massifs jaillissent de manière spectaculaire tout en paroies verticales et arides tels une Monument Valley apline.
La zone est assez peu étendue mais truffée de cols si bien qu'il faut du temps pour la parcourir en voiture (cerné par les camping cars autrichiens et italiens).
Côté ski, la réputation de Val gardena ou de Cortina d'Ampezzo n'est pas usurpée et les infrastructures sont sans équivalent en France (d'après les témoignages de bloggers skieurs et des saisonniers), avec une mention spéciale pour les stations de Val di Fassa, Kronplatz (ambiance et domaine extraordinaires)...
Attention, personne là bas ne parlera français avec vous!
Dolomites
CREDITS MUSIQUE:
1: Hymne national suisse
2: "Welcome home" (Radical face)
3: Hymne national italien
4: "Skinny love" (Bon Iver)